Sarah (la bible au féminin)

Pèlerin de la paix à l'infatigable sagesse, artisan en 1967 du premier rapprochement israélo-palestinien, fondateur avec Andreï Sakharov des collèges universitaires de Russie en 1991, Marek Halter s'efforce à chaque discours, à chaque entretien, à chaque roman, de nous rappeler les grandeurs et les misères de notre nature d'homme. Encore une fois – mais ce ne sera jamais une fois de trop chez Halter – l'auteur replonge aux sources de la culture judéo-chrétienne, dans la Bible donc, pour puiser sa propre essence romanesque au puits de l'exégèse des textes sacrés de l'Ancien Testament. Plus simplement on pourrait dire que, à partir de la lecture de la Bible, Marek Halter invente des romans. C'est sa façon d'être fidèle et de communier. Il y a quelques années, si l'on se souvient bien, il avait écrit La Mémoire d'Abraham, roman qui reconstituait les débuts du judaïsme à partir de la figure de son patriarche. Avec Sarah, la Bible au féminin, il apporte comme une suite et un complément de point de vue à cette passionnante histoire ancestrale. Car l'union d'Abraham et de Sarah n'est pas moins évidente que celle de Roméo et Juliette. Sarah, fille d'Ichbi Sum-Usur, un puissant d'Ur est promise par son père dès l'âge de 13 ans à Kiddin, un jeune mari de sa tribu. "Mais quand il a posé son regard sur moi, j'ai su que jamais je ne pourrais vivre avec lui, dans le même lit et dans la même chambre. J'ai su que je préférerais mourir plutôt que de sentir ses mains sur moi et son sexe entre mes cuisses". Ce sont les premiers mots que Sarah dit à Abraham, jeune homme de la tribu des mar.Tu. qu'elle rencontre lors de sa fuite. Ils vont se reconnaître, ils vont se parler, se découvrir, s'aimer, unir leurs corps au cours d'une nuit? Il sera trop tard pour revenir en arrière, ils devront quitter la Chaldée pour s'installer en Canaan.